Friday, July 10, 2009

Quelle résistance ce 9 juillet !

Quelle résistance ce 9 juillet ! Tout le monde est venu. Des jeunes, des vieux et des personnes d’âge moyen. Et pas seulement dans une rue, mais on a appris des trois dernières semaines et des protestations de masses ont eut lieu dans 7 ou 8 principaux quartiers. Il n’y a pas de silence, tout le monde chante des slogans. Certains crient “Dieu est grand”, mais rapidement cela devient “Mort au dictateur” et “Gouvernement de coup d’Etat, démission, démission”. La principale zone d’affrontements est à l’intersection Vialiasr/Enqelab au parc Deneshju.

La foule est concentrée et de nombreux gardes anti-émeutes attaquent le peuple avec des matraques et des gaz lacrymogènes. Des visages sont en sang. En permanence les gens vont dans les rues et repartent par les chemins piétonniers. Les voitures klaxonnent comme il y a deux semaines, des coups de klaxons ininterrompus. Encore une fois des poings et des V pour victoire et unité sont brandis. Depuis les rues principales des groupes de gens se dirigent vers la Place Enqelab et l’Université de Téhéran. A ce moment, on crie un long slogan comme à l’époque de la révolution de 1979 :

“Traitre Mahmoud (Ahmadinejad), nous te souhaitons d’être expulsé et sans abri / Tu as ruiné notre pays / Tu as tué nos jeunes gens / Mort à toi / Mort à toi / Mort à toi !”.

Des gaz lacrymogènes viennent de partout, mais les gens savent y faire face. Personne n’a envie de vomir, des feux sont immédiatement allumés. Certains envoient de la fumée de cigarette sur les yeux de ceux qui sont à côté d’eux. Nous sommes à l’intersection du boulevard Keshavar et de la rue Kargar. Les forces spéciales nous attaquent depuis le bas de la rue et nous courrons dans l’autre direction en chantant. Des gens nous rejoignent vers la rue Fatemi et nous redescendons la rue en criant “N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur ! Nous sommes tous ensemble !”.

Il n’y a pas de coups de feu dans ce secteur et nous n’avons pas entendu parler de coups de feu ailleurs. Les premiers rangs sont remplis de filles et de mères. En colère, fraiches et pleines d’inspiration. A ce moment, les agents en civil se rassemblent et nous attaquent mais ils sont moins nombreux que les semaines dernières et certainement à cause de la connaissance par la population de leurs crimes des trois dernières semaines, des agents en civil ont mis l’uniforme des Gardes Révolutionnaires pour avoir l’air plus disciplinés.

Maintenant c’est en grand nombre et en motos qu’ils attaquent la population. Des centaines de personnes vont vers le mini-bazar près du Parc Laleh où il n’y a pas de chemin pour sortir, mais nous sautons par dessus les barrières et les grilles pour entrer dans le parc et aller en direction de la rue Amirabad. Ils tentent de fermer les routes et d’empêcher que les gens d’Amirabad ne rejoignent ceux du parc Laleh.

Amirabad est remplie par la foule. Au coin de l’allée où Neda a été tuée, les gens restent et crient “Mort au dictateur !”. Un vieil homme qui dit avoir 80 ans déclare joyeusement : “Plus personne n’a peur. tout le monde vient. Le régime doit partir. Regardez, il y a tant de monde et pas un seul mollah ! Le peuple va leur faire payer le sang de Neda !”. Il a raison.

Le peuple a très bien compris la situation. tout le monde connaît la faiblesse du régime. Plus personne n’a peur. Les jeunes et les vieux chantent, encore plus fort qu’il y a trois semaines. Une voiture klaxonne en passant lentement vers le nord de la rue Amirabad. Le fils crie : “Allez vous continuer longtemps à manifester pacifiquement ? Vous ne voyez pas qu’ils sont armés !” Sa soeur l’accompagne en criant “Mort au dictateur”. Ma seule réaction est de lever mon poing et de répéter le slogan avec eux.

Je viens de trouver un endroit pour publier ce rapport en ligne. Cette nuit sera une nuit enflammée. Les slogans depuis les toits seront encore plus forts. Il y a de nouveau trop de personnes blessées et emprisonnées. Il ne fait pas encore sombre, des contrôles sont effectués à chaque coin de rue par des agents en uniforme. Ils pensent pouvoir effrayer le peuple. Qu’ils sont stupides !! Il y a des milliers de personnes qui par leur forte présence disent au régime “tu es fini !”. Pas encore de nouvelles des autres villes, mais aucun doute que le 9 juillet de cette année aura une grande influence sur les changements à venir. Aucun doute !

Bazr, 9 juillet 2009

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