Pendant les derniers jours de la période initiale des manifestations contre le coup d’Etat (du 12 juin au 17 août 2009), le slogan “Indépendance, liberté, République Iranienne” a commencé à avoir un écho dans les manifestations. Ce slogan du peuple était une réponse directe aux réformateurs, qui avaient formé le “Parti de l’Espérance Verte”, leur intention d’empêcher le peuple de dépasser le cadre de la République Islamique et leur volonté de contenir le mouvement au sein des cercles internes du régime. Cependant, en chantant ce slogan, le peuple avait clairement refusé le but de “l’application dans sa totalité de la constitution de la République Islamique” et montré que son objectif était de remplacer le régime islamique par un ordre démocratique.
Après le 17 août, lorsque les manifestations quotidiennes se sont transformées en un “calme” apparent, cela a donné aux deux fractions du régime (les soutiens du coup d’Etat et les réformateurs) l’illusion que les manifestations de rue prendraient des formes plus acceptables et que ce slogan disparaîtrait loin de l’esprit des gens. Mais, la persistance de ce slogan lors des manifestations de la journée d’Al Qods (journée de Jérusalem le 18 septembre) a réveillé les hommes de l’Etat de leurs fantaisies et montré que pendant la période de “calme”, non seulement le peuple n’avait pas oublié sa revendication de dépasser la République Islamique, mais qu’en plus, le peuple l’a combinée avec le rejet de l’attitude soumise et respectueuse des forces répressives, la remplaçant par des tactiques de rue plus agressives d’attaques et de contre-attaques pour protéger les cortèges de manifestation. Ces actions défensives de notre peuple et jeunesse militants en réaction à la brutalité de la police et des voyous(1) a secoué les deux fractions du régime dans leurs fondations et les ont alertées que si elles ne changeaient pas leur méthodes, elles n’auraient plus rien à se disputer.
Dès le lendemain des manifestations de la journée d’Al Qods, les portes-paroles des deux fractions de la République Islamique, effrayés de ce qui pourrait se passer lors de la “journée des élèves” (le 4 novembre), sont montés sur leurs tribunes et chairs religieuses pour condamner ce slogan et les actions “destructives” et pour appeler le peuple de changer la direction de sa lutte pour le respect des lois et de la constitution de la République Islamique. Ce qui est amusant, c’est que la première déclaration télévisée à ce propos vienne d’Ahmadi Moghadam, chef de la sécurité, qui a maladroitement admis que les unités spéciales avaient été inefficaces et ajouté : “Nous n’avons pas de problème avec le Mouvement Vert ou tout autre mouvement qui protesterait dans les limites de la loi, ou même au-delà, tant qu’il n’est pas chaotique. Mais s’il y a des troubles menant à des perturbations, alors les forces de sécurité agiront avec fermeté.”
Avec ce discours, il a offert aux réformateurs quelques bases pour convaincre le peuple que s’il veut éviter la répression, alors, il doit s’éloigner des revendications radicales et revenir dans un cadre acceptable par le régime. De leur côté, lors de deux prières du vendredi, Ahmad Khatami et Janati (deux soutiens au coup d’Etat) ont dirigé leurs discours contre les gens qui chantent “République Iranienne”, les menaçant de l’accusation de “guerre contre Dieu” et de condamnations à mort. A côté de telles menaces, et de celles du chef des forces de sécurité, aux côtés du coup d’Etat, les réformateurs ont aussi commencé un mouvement dans la même direction. Le premier à avoir mis l’accent sur cette question fut Mir Hussein Moussavi lors de ses messages publics des 12 et 13 octobre. Sur le site “Ayandeh”, lié aux réformateurs, on peut lire dans un article sur le message de Moussavi : “Entendre des slogans caustiques lors de la journée d’Al Qods, scandés par des gens qui se présentent eux-mêmes comme des sympathisants de Moussavi et comme membres du Mouvement Vert, est à l’origine d’inquiétudes de certains membres concernés du pays ; dans ses textes récents, Moussavi a mis en garde les manifestants qu’ils pourraient sombrer dans une logique dangereuse et un piège destructeur et a expliqué ainsi : “ces communiqués et les actions et communiqués précédents signifiaient maintenir les luttes du peuple dans le cadre du système et de ne pas tomber dans le piège de ceux qui veulent briser ces structures. (…)”
Maintenant, cela fait plus de deux semaines que les observateurs politiques sont convaincus que le 4 novembre (journée des élèves) auront lieu d’autres manifestations de masse dans la capitale et partout dans le pays. Des groupes influents ont appelé leur soutien à ces manifestations et appeler leurs sympathisants à y participer. Aujourd’hui, nous ne sommes qu’à peu plus de 15 jours de cette action. Les deux fractions du régime sont conscientes qu’il serait futile d’appeler les gens à ne pas y participer. Aussi, alors que nous nous approchons de cet évènement, les soutiens du coup d’Etat comme les réformateurs renforcent leurs efforts pour faire comprendre aux gens qu’ils doivent limiter leurs luttes et leurs revendications au cadre de la constitution de la République Islamique et à un degrés d’action tolérable. La position des soutiens du coup d’Etat est très claire. Ils ont verbalement reculé face à ce slogan et à la radicalisation des tactiques utilisée par le peuple lors de la Journée d’Al Qods, et comme l’a déclaré Ahmadi Moghadam ils se disent prêts à respecter le droit aux rassemblements à condition qu’ils restent au sein des règles du système. pourtant, nous avons mieux à faire que de croire de telles allégations. Le 3 novembre, les forces de répression agiront comme elles l’ont fait auparavant, que les slogans populaires se limitent à “Allah Akbar” ou “Ya Hussein, Mir Hossein”, ou qu’ils passent à un niveau supérieur comme “Mort à Khamenei” ou “à bas la République Islamique”. Cela signifie, que si elles sont plus fortes que le peuple, elles passeront brutalement à l’offensive ; et que confrontées à une concentration populaire de masse, elles se cacheront dans les allées et les ruelles.
Pourtant, du côté des réformateurs, ils développent chaque jour leurs activités, relayés par leurs mass-média et leurs soutiens des pays occidentaux, propageant des mensonges encore plus gros et de vides promesses pour leurrer les gens dans la soumission.
Le plus honteux mensonge est la déclaration que si des slogans comme “République Iranienne” ou d’autres qui indiquent une rupture avec la dictature de la République Islamique sont chantés, alors les forces de répression trouveront un prétexte pour attaquer violemment les manifestations. Comme si lorsque ces slogans ne sont pas utilisés et que les actions et revendications du peuple restent dans le cadre légal du régime autocratique, les forces de répression n’attaquaient pas les manifestations ! Même un simple élève de l’école primaire ne peut être leurré par un tel mensonge. Les forces de répression ont assassiné des gens quand leurs slogans n’étaient que “où est mon vote ?”, elles ont tués des dizaines de personnes comme Neda et Sohrab, utiliser des tirs de snipers depuis les toits des bâtiments, uniquement pour décourager les gens de participer à des protestations pacifiques. Il y a beaucoup plus d’individus dont on ne sait où ils sont depuis le premier jour des protestations. Ils ont été sacrifié pour avoir cru aux illusions des réformateurs. Khamenei (le Leader) a ordonné de tirer sur la foule quand le peuple suivait les “manifestations silencieuses” suggérées par Moussavi et Karoubi. Avec une recherche plus approfondie, on peu voir que les reculs dans la répression et les meurtres et finalement les reculs verbaux du gouvernement de coup d’Etat ont commencé après que les slogans et les revendications se soient élevés dans le rejet de la totalité de la République Islamique et le changement de tactiques dans la confrontation avec les forces répressives. De telles déclarations fallacieuses sont une preuve de la malhonnêteté des forces réformatrices et de leur direction sur les gens qui se considèrent eux-mêmes comme membres du mouvement vert. Les autres en effet étaient déjà conscient de leur volonté malade, comme individus ou comme groupe, n’avaient pas d’illusion sur leur direction et ne suivaient pas leurs directives. Aussi, de tels mots ne cherchent qu’à tromper ceux qui croient encore en leur véracité. Nous conseillons à ce groupe de gens de sortir de ces illusions et de leur influence et de se mettre au côté de la majorité du peuple, pour avancer de façon décisive vers la démocratie.
Mais le plus important de ces mensonges est l’affirmation que les gens qui chantent “république Iranienne” ne sont qu’un petit groupe de gens et des militants politiques dont la ligne est dictée depuis l’étranger et qui scandent des slogans inacceptables. Ce mensonge a pour but de tromper les nouveaux venus dans le mouvement, car quiconque était dans les manifestations de la journée d’Al Qods sait combien étaient partagés les slogans appelant à l’effondrement de la République Islamique, en particulier l’appel pour une “République Iranienne”. Cela indique aussi à quel point ces menteurs sont dans le même bateau que les soutiens du coup d’Etat. En effet, depuis hier et encore maintenant, ils ont propagé de telles allégations contre les réformateurs eux-mêmes. L’histoire d’Ahmadinejad appelant les manifestants “poussières insignifiantes” dépendantes de puissances étrangères est toujours jeune et fraiche dans les esprits de tout le monde.
Une autre allégation fausse des médias réformateurs et de leurs écrivains mercantiles est que chanter des slogans radicaux provoquerait une scission dans les rangs du peuple et réduirait le nombre de participants aux protestations. C’est la propagande complémentaire à l’allégation précédente. Une fois encore, pour quiconque a participé aux manifestations d’Al Qods, il était clair que ces slogans étaient chantés par presque tous les participants, et non seulement il n’a pas causé de division en leur sein, mais il a augmenté le degrés d’unité du peuple contre les forces du régime actuel. Il n’y a qu’un très petit nombre de ceux qui sont au pouvoir et des cadres et agents réformateurs qui se sont séparés de la pensée majoritaire du peuple en s’opposant à de tels slogans. Nous leur suggérons pour éviter la division et les tensions au sein des masses d’arrêter leur propagande mensongère et de respecter la volonté et les revendications du peuple.
Quoiqu’il en soit, plus on s’approche de la manifestation du 4 novembre, et plus les fausses allégations et les mensonges des dirigeants du régime (partisans du coup d’Etat et réformateurs) et des écrivains à leur service deviennent plus dégoutants dans leur nature et leurs diversités. Aussi, par l’expérience que nous avons acquise lors de ces luttes, nous devons nous efforcer d’élargir leurs bases populaires, en appelant les classes opprimées, les mouvements des travailleurs et du peuple, qui ont déjà lieu dans des luttes séparées, de rejoindre ces protestations politiques centrales et nationales. Nous devons avancer vers une étape plus organisée et des revendications plus claires, en rejetant tous les appels aux compromis des réformateurs et des partisans du coup d’Etat.
A bas la République Islamique !
Pain, Logement, Liberté, République Soviétique !
(1) Ndt : Le terme “voyous” ou “brutes” est généralement utilisé en Iran pour désigner les miliciens bassidji.
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