Thursday, August 13, 2009

Courte réponse aux questions des enfants d’Hajarian et d’Aminzadeh

  • De l’autre côté de la ligne,
Courte réponse aux questions des enfants d’Hajarian et d’Aminzadeh

Ces jours-ci, nombreux sont ceux qui en Iran et dans le monde s’inquiètent pour ceux qu’ils aiment. Ceux qu’ils aiment ont été arrêtés et enterrés dans les cachots et les oubliettes du gouvernement islamique pour avoir commis le “crime” de participer à des manifestations et à des protestations contre un dictateur et un gouvernement fasciste. Ces jours-ci, beaucoup de mères recherchent, porte après porte, leurs enfants avec ce cauchemar qu’on leur rendra peut-être que le corps de la personne qu’elles chérissent le plus au monde. Ces jours-ci, nous suivons les nouvelles des brutalités commises par le gang de bourreaux criminels. Les nouvelles de prisonniers qui ont perdu la capacité de parler, de femmes violées, de jeunes battus à mort, de détenus attachés aux appareils électriques et électrifiés…

Ces jours-ci, nous suivons aussi les nouvelles des progrès révolutionnaires, des manifestations et des protestations, des meetings et des slogans…

Une énorme angoisse plane dans l’air. Alors que nous entendons les voix des femmes qui disent, avec force et conviction, qu’elles ne reculeront pas, les nouvelles de gens qui se sourient dans les rues, d’humains qui deviennent de plus en plus proches les uns aux autres, nous sommes au milieu de nouvelles de la destinée tourmentée de centaines de gens qui ont été arrêtés et ont disparus ces dernières semaines. De nombreuses mères et de trop nombreux pères ne savent toujours pas où sont leurs enfants disparus il y a un mois et quelles terribles choses ils ont subies.


Ce qui m’a poussée à écrire ces quelques lignes ce sont les lettres des enfants de ceux qui ont joué un rôle décisif dans l’instauration du régime islamique. Les lettres des enfants des Hajarian et Aminzadeh, des lettres pleines d’angoisse et d’émotion à leurs pères, des lettres des enfants des “Eslah Talaban” (les “réformateurs”) qui hier étaient au sommet du pouvoir et qui aujourd’hui se trouvent eux-mêmes dans les trous noirs du gouvernement et entre les mains des tortionnaires qui étaient avant leurs vieux amis.

La lettre déprimante d’une fille qui écrit à son père : “Tu étais le plus grand et j’avais de nombreuses questions à te poser. A propos de ton travail et de la législation… Tu m’avais donnée des réponses qui ne m’ont pas convaincue. Et je me demande pourquoi ils t’ont arrêté, je suis inquiète pour toi et triste de ne pas t’avoir vu depuis des jours”.

A ces jeunes qui se posent des questions, aux enfants des précédents dirigeants et actuels prisonniers, je dis : tenez-bon et ouvrez vos oreilles pour entendre cet autre côté du mur, prenez en compte nos murmures et essayez d’être forts et de tenir bon face à la vérité. Ecoutez-nous répondre à vos questions…

De ce côté du mur, il y a des millions de gens debout. Contre vos père, contre Khamenei et Khatami et Khalkhali et Hajarian, contre les gouvernements d’hier et d’aujourd’hui, contre les conservateurs, les principes, la Ligne de l’Iman Khomeini, les réformateurs et les autres. Nous, opposition, de les avons jamais acceptés. Regardez-nous et ouvrez vos oreilles pour nous entendre. Nous qui étions contre ce gouvernement dès que ses premières graines ont germées. Nous qui avons été ensevelis dans les charniers de Khavaran et avons, partout en Iran, perdu nos vies à cause des ordres de ces gens. Nous, criblés de balles, nous les exécutés, nous les lapidées à mort par ce régime…

Nous qui sommes les martyrs de ce gouvernement islamique fasciste, nous vous déclarons, à vous les deuxièmes et troisièmes générations nées dans les couloirs de ce gouvernement, et à tous les jeunes gens, que la torture, les décharges électriques et les exécutions sont nées avec ce régime.

Ecoutez nos murmures. Nous les martyrs des années 1360 (1980). C’est un régime qui dès les premières années de sa prise du pouvoir a assassiné des milliers de personnes pour écraser et réduire au silence une révolution afin de rester en vie et conserver son pouvoir, qui les a criblés de balles contre les murs d’Evin et des prisons de Tabriz, et de Mashhad, et d’Ahvaz, et à travers tout l’Iran. Ils ont éxécuté sans la moindre pitié des enfants de douze ans à côté de femmes enceintes. Reconnaissez cette réalité et regardez la en face, que certains de vos pères ont joué un rôle crucial dans la construction de cette machine criminelle. Certains d’entre eux ont fondé les départements des renseignements et de la sécurité de cet odieux régime, certains de vos pères donnaient hier les ordres pour les meurtres à Evin, et après l’exécution de nos compagons, de nos mères et de nos pères, ils retournaient tranquillement chez eux et témoignaient de “gentillesse” auprès de leurs enfants.

Ecoutez nos murmures. Nous les femmes qui avons souffert des premières agressions de ce régime. Pour se porter au pouvoir, ils ont dû nous écraser et les bourreaux de l’époque de Khomeini se sont mis en place avec la loi sur le hidjab (voile) obligatoire. Ils nous ont dit que nous devions obéir à la loi avec le slogan “Na roosari, na toosari” (”le voile ou les coups”), et lorsque nous disions “la liberté n’est ni orientale ni occidentale, elle est internationale”, ils répondaient “na roosari, na toosari”, et au début, ces pathétiques barbus nous maudissaient, puis nous avons vu la lame de leurs couteaux, et enfin ils nous attaquaient avec des kalachnikofs et imposaient les tchadors sur nos têtes avec des punaises et des jets d’acide sur nos visages. La révolution contre le Shah avait attaqué l’oppression, elle revenait par une attaque contre nous.

Ecoutez les murmures de nous, les ouvriers, contre qui étaient directement dirigés les premiers coups de feu, et écoutez le murmure du peuple du Kurdistan, qui a été attaqué avec des tanks et des bombes, sur terre et depuis le ciel, et dont le cher peuple a été massacré et coupé en morceau. A ce moment-là, ils étaient tous unis et personne n’était “Eslah Taleb” (”réformateur”). De Banisadr qui aujourd’hui s’oppose à ce gouvernement jusqu’aux propriétaires et aux carriéristes de l’actuel gouvernement, en passant par les Moudjahedines et le Parti Tudeh qui suivaient Khomeini, ils nous ont attaqués et les profondes cicatrices de ces brutalités ont marqué le corps et l’âme de nos enfants.

Regardez-nous les femmes qui avons été lapidées à mort. Un aspect de la législation de ce pays a été instauré par vos pères, qui sont fiers d’eux lorsqu’ils regardent leur “travail” à cette époque, est la torture de femmes et d’hommes par la lapidation, par jets de pierres. Cette peine la plus médiévale, archaïque et barbare est dans la législation du pays, et je suis Mariam Ayoubi, qui a agonisé une chaude journée d’été, le 11 juillet, et alors que je tombai inconsciente de peur, ils m’ont prise dans ma cellule de la prison Evin, et m’ont jetée des pierres, m’ont déchirée en morceaux, accusée d’avoir commis l’adultère, et mes fils de 6 et 8 ans ont vu cela. Je ne suis pas la seule martyre de ce régime. Ils m’ont massacrée à l’époque de Khatami.

Essayez-vous avec les enfants de celles et ceux qui ont été lapidé(e)s à mort. Il y a-t-il une blessure plus profonde que d’avoir eu un père ou une mère torturé(e) par la lapidation ?

Ouvrez vos oreilles et essayer d’être fort et d’entendre ces vérités de notre part, de nous qui avons toujours été de ce côté du mur et avons toujours dit “non” à ce régime.

Ecoutez les mots de Solmaz et Arash et de centaines d’enfants dont les mères et les pères ont été arrêté(e)s pour le “crime” d’avoir une activité politique et qui ont été tué(e)s pour avoir été anti-religieux ou communiste. Ils n’ont rien de leurs mères et de leurs pères, juste des photos et la mémoire. Connaissez-vous une souffrance pire pour un enfant que l’exécution de sa mère et de son père ?

Réfléchissez à la dernière expression de Neda. Quand les criminels ont détruit son coeur. Elle regardaient les gens et disait avec ses yeux : voyez quels criminels ils sont. J’attend de vous que vous me vengiez et que vous nous vengiez tous.

Cette dernière expression a été inscrite pour toujours dans l’histoire de l’Iran et sa dernière volonté doit être réalisée. Le régime islamique doit être renversé !

Je parle pour les millions de gens qui ont subi les coups fatals de ce régime. Ils ont senti ses lois médiévales, ses actions particulières et criminelles, sa nature anti-femmes et anti-humaine dans leur chair et dans leurs os.

Je suis Delara Darabi. Une magnifique jeune femme qui a grandi avec l’art et la peinture et qui adorait les couleurs et les pinceaux. Ils m’ont arrêtée et après des années de tortures mentales et physiques, ils m’ont réveillée ce terrible jour et, avec brutalité et avec la pire cruauté, m’ont dit : viens, on va t’exécuter. Surmontant l’angoisse, j’ai appelé ma mère et dit : mère, père, venez et dites leur que je suis effrayée, venez et dites leur d’être cléments. Et avant qu’ils aient le temps d’arriver, ils m’ont emmenée dans une grande pièce et m’ont attachée une corde autour du coup, et m’ont exécutée quand j’avais 23 ans.

Je suis les enfants de Fatemeh Haghigh-Pajho. Zahra et Farzineh. Ouvrez vos oreilles et appuyez-vous contre quelque chose pour ne pas tomber. Il était minuit à Evin, et alors que nous étions de l’autre côté du mur de la prison, ils ont emmené notre mère et les mise sur un tabouret, puis l’ont fait basculer. A ce moment, maman pensait à nous, que nous n’avions pas de père, que nous n’avions personne. Ils l’ont tuée et nous ont appeler et ont dit : le travail est terminé, vous pouvez rentrer et revenir demain matin à 10 heures récupérer le corps. Pouvez-vous imaginer ce que cela veut dire ? Pouvez-vous comprendre la blessure profonde gravée dans nos esprit ? Pouvez vous comprendre ce vide et cette horrible souffrance ? Et nous nous demandons aussi : Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Je suis la voix des mères dont les filles ont été arrêtées il y a 30 ans et accusées d’activités politiques et de ne pas soutenir ce régime, de ne pas soutenir vos pères. Ils les ont violées et assassinées, puis ont demandé l’argent pour la balle et une boîte de gâteaux pour leurs filles “devenues épouses” avant de rendre les corps.

Je suis la voix de protestation de tous les martyrs de ce gouvernement fasciste. De tous les arrêtés de ces trois décennies, de tous les exécutés de ces trois décennies, de tous ceux qui ont été torturés et assassinés. Et malheureusement, la liste est très longue.

Il y a quelques jours, ils ont emmené les pères de certains d’entre vous aux côtés de ceux qui se sont révoltés contre tous ces crimes pour un spectacle de confession. Ils ont démontré que ces gouvernements ont une grande capacité de crimes et d’actes de torture et de brutalité. Je dois dire que pour nous, de ce côté du mur, de telles scènes sont familières. Ces trois dernières décénnies, ils nous ont de nombreuses fois menacés de la même façon. Ils ont obligé les prisonnier d’avouer contre leurs propres consciences. Cela a été les moyens des dictateurs à travers l’histoire et ils ont lié les mains de tout le monde derrière le dos.

En ce moment où tout le monde s’inquiète pour la vie de ceux qu’ils aiment, une fois encore, grâce à vos liens avec le gouvernement, vous avez accès à de meilleures et à de plus rapides informations concernant ceux que vous aimez. Des milliers de gens sont gardés dans les cachots du gouvernement islamique et l’absence d’accès à toute information, y compris le nom du lieu d’incarcération, est le principal soucis de leurs familles.

Pour résumer. Vous avez contre vous un gouvernement fasciste et dictatorial, qui fonctionne de cette façon depuis le début, tuant et massacrant, n’autorisant même pas les personnes tourmentées de pleurer. C’est un gang de bourreaux et de criminels, qui comet des actes barbares et brutaux, et, tout en citant le Coran et Dieu, volent et remplissent leurs poches. En Iran, c’est un gouvernement comme celui des nazis et de Pinochet. C’est celui que vos pères ont fondé et dont ils sont aujourd’hui les victimes.

Des millions de gens ont subi ce régime depuis 30 ans aujourd’hui, des millions de gens qui ont toujours été de ce côté du mur et ont été agressés, et ont toujours eu contre eux les Pasdaran (Gardes Révolutionnaires), le Bassidj (la milice) et les oppresseurs, à l’époque de Rafsanjani, à l’époque de Khomeini et de Khatami, et aujourd’hui à l’époque d’Ahmadinejad. Ces millions de gens ont un mépris total de ce système et voient arriver l’heure de sa fin.

Nous avons progressé. Nous les femmes, nous les travailleurs, nous les étudiant et tous ceux qui méprisent cette approche archaïque et les lois islamiques. Nous les amoureux de la modernité, de la liberté et de l’humanité, avons à réaliser une révolution moderne et humaine, une révolution grandiose, pour mettre fin au régime le pire, le plus sale et le plus barbare de ce siècle.

Depuis un mois, nous sommes devenus les acteurs principaux de la scènes politique. Dans cette scène nous pouvons voir toute l’humanité et toute la civilisation que nous cherchons. Nous voulons être libre et le genre humain du 21ème siècle, avec toute la liberté et l’égalité et le confort et les droits que les humains de ce siècle méritent. Nous voulons cela vivants et le chemin pour réaliser tous ces vœux est de mettre fin au régime islamique. Nous devons en finir une fois pour toute avec ce régime. Ce régime doit être renversé.

Le lendemain du renversement de ce régime, nous, le peuple, nous qui sommes de ce côté de la ligne, aurons beaucoup de choses à dire et nous les dirons devant les tribunaux internationaux qui s’occuperont des trois décennies de crimes de ce régime odieux et tous les dirigeants de la République Islamique, de toutes les tendances, seront condamnées. Mais peut-être que je devrais ajouter que tous les détenus seront soumis aux lois d’une société humaine et moderne. Leurs crimes seront connus mais personne n’aura, pour une raison ou une autre, le droit de torturer, mentalement ou physiquement, quelqu’un d’autre. Ils seront condamnés pour les tortures, les exécutions et les lapidations d’êtres humains et pour que plus personne ne soit plus jamais torturée, exécutée ou lapidée. Oui, en renversant la République Islamique et en condamnant ses dirigeants, nous réaliserons une société libre et humaine où tous, y compris vous, vivrez en êtres humains.
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1 comments:

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