Sunday, July 5, 2009

La situation est grave !

Message envoyé à Bazr, bulletin étudiant, le 3 juillet 2009 sur la répression en Iran. une version anglaise est disponible sur le blog Revolutionary Road, la traduction française a étéréalisée par l’Association pour la Défense des Prisonniers Politiques et d’Opinion en Iran (ADPOI).

De terribles nouvelles nous parviennent des personnes arrêtées au cours des récentes contestations populaires en Iran et détenues dans les prisons officielles, dans des geôles clandestins et autres cachots improvisés. Les circonstances obligent à appeler à un mouvement uni afin de dénoncer les crimes qui sont en train d’être commis et d’exiger la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers politiques.

En Iran, les familles des prisonniers, anciens ou récents, peuvent être le moteur et le noyau central d’un tel combat. A l’étranger, les Iraniens de l’extérieur peuvent et doivent, eux aussi, jouer un rôle important.

Même la campagne de mémoire de l’année 67 (1) doit se transformer en un tel front de contestation.

Les nouvelles reçues font état de tortures sauvages infligées avec l’intention de donner la mort aux jeunes arrêtés dans les manifestations mais également à d’autres catégories de détenus. Des pressions sont exercées sur des personnalités en vue (journalistes ou activistes des états-majors de Moussavi ou Karoubi) afin d’arracher des aveux. Les jeunes qui sont inconnus et anonymes semblent se voir, pour leur part, appliqués la méthode de la disparition (desparasidos) ; il s’agit là d’un problème essentiel.

Un gardien de la prison d’Evin, un soldat en service, raconte qu’il existe dans cette prison un quartier réservé aux Basidji et à l’Ettelaa’at sepah (service de renseignements des corps des pasdarans) auquel l’accès est interdit et où l’on torture sauvagement : les gardiens de prison se disent horrifiés et déprimés par les cris qui proviennent de ces quartiers. Chaque matin, ce sont en moyenne, 10 personnes, mortes sous la torture, qui sont évacuées dans des ambulances pour être enterrées dans des fosses communes.

Le but de ces arrestations massives, de ces incroyables tabassages en public qui se prolongent dans les maisons d’arrêt, de cette orgie de violence ostentatoire est d’intimider l’ensemble de la population. J’ai été moi-même témoin de l’arrestation de nombre de personnes, y compris en dehors des manifestations, qui ont été interpellés uniquement au vu de leur style vestimentaire, de leur âge ou dans le simple but d’intimider les passants. Ceux-là ont été libérés après dix heures de tabassages, d’humiliation et d’insultes afin qu’ils puissent raconter aux autres.

Mais cela ne s’arrête pas là. En effet, ces salopards repèrent parmi les personnes arrêtés les jeunes impliqués dans les principaux accrochages aux alentours des centres de basidji ou des bâtiments publics, reconnus sur des images provenant des caméras de surveillance, et ceci dans le but d’éliminer physiquement la force de frappe du peuple.

Au cours des derniers jours, on a été témoin de l’enlèvement de jeunes dont les maisons ont été repérées la nuit, lorsque les habitants montent crier des slogans sur les toits.

Il avait été dit auparavant que le régime serait susceptible d’éliminer physiquement quelques centaines de lycéens, étudiants et professeurs qui font difficulté dans les trois mois qui nous séparent de la rentrée prochaine.

Il serait également possible que les universités soient de facto fermées ou empêchées de fonctionner par des perturbateurs instigués par le pouvoir. Nous avons entendu une étrange statistique du ministre des sciences selon laquelle 300.000 candidats aux concours des universités ne seraient pas allés chercher leurs cartes d’inscription. Qui sont-ils et pourquoi auraient-ils abandonné leur participation aux concours ? Certains pensent que c’est pour protester contre la situation, d’autres parce que les jeunes n’ont plus le moral. Quelques centaines pourraient être en fuite. En tout cas, le ministre a donné une autre bonne nouvelle aux candidats aux concours : cette année sur le « quota de 40 % » (!) de combattants (2), on n’appliquerait plus que 20 %. Moralité : vous avez plus de chances de réussir !! Ceci est affirmé alors que cela fait des années que les quotas pour combattants et basidji étaient censés avoir disparu. En tout état de cause, je pense qu’en dépit de ces propos, remplir les universités de basidji (même sous forme de paramilitaires) sera l’une des mesures que le régime prendra afin d’empêcher toute contestation après la nouvelle rentrée.

Il est nécessaire que tous les camarades à l’étranger mènent une campagne universelle et sans relâche sur le phénomène des disparitions. Nous devons nous attendre au suivi d’une telle politique par le régime, exactement comme cela s’est produit en Amérique Latine, en ce qui concerne les activistes du mouvement estudiantin.

Aujourd’hui, les meneurs du coup d’état ne font de quartier pas même à leurs propres valets. Je vous indique une nouvelle afin de vous permettre de réaliser le positionnement adopté par les meneurs du coup d’état à l’égard des conflits internes de l’équipe dirigeante. L’un des agents de renseignements de poids, d’une renommée ancienne et ayant ses entrées dans les media nationaux (3), lié apparemment au courant de Rafsandjani ou Moussavi, a écrit une lettre de contestation à Zarghami(4) au sujet de la télé publique. Il a été interpellé par les renseignements généraux (vezarat e ettela’at), passé à tabac pendant quelques heures puis relâché ! Quand ils traitent les leurs de la sorte, vous pouvez imaginer ce qu’ils font endurer aux étudiants et jeunes combattants qui se sont soulevés contre eux.

LA SITUATION EST GRAVE ; NE PERDEZ PAS UN INSTANT !

(1) il s’agit de la liquidation des prisonnier politiques au cours de l’été 88

(2) il s’agit de ceux qui ont participé à la guerre irano-irakienne et de leurs proches

(3) il pourrait s’agir de Sedaa o simaa – la télévision d’Etat

(4) le directeur de Sedaa o simaa – la télévision d’Etat

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